13/02/2013

COURSE À PIED : PENSEZ À VOTRE CŒUR POUR BIEN VIEILLIR

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Notre coach bien aimé, nous fait partager cet article très intéressant du Dr Yannick Guillodo, médecin du sport, au sujet des limites à ne pas dépasser en matière de pratique sportive

A méditer...
COURSE À PIED : PENSEZ À VOTRE CŒUR POUR BIEN VIEILLIR

Quelles limites pour protéger sa santé ?

Au-delà des bienfaits de l'activité physique pour la santé, doit-on s'imposer des limites pour ne pas tomber dans une pratique "à risques" pour son coeur ? Yannick Guillodo, médecin du sport, répond aux questions que se posent - ou devraient se poser - bon nombre de coureurs.


Le coureur à pied, âgé de plus de 45 ans, doit vérifier l’intégrité de ses articulations porteuses (hanche, genou, cheville). Ceci est encore plus vrai s’il court plus de 30 km par semaine depuis plusieurs années et s’il a souffert d’un traumatisme aigu dans sa jeunesse.

Deux éléments sont donc importants, pour l’appareil locomoteur du coureur :
• La notion d’âge : avant et après 45 ans.
• La notion de seuil d’activité : quantité de sport à ne pas dépasser si l’on veut que le sport reste un médicament (30 km par semaine).

Ces limites s’appliquent-elles pour l’appareil cardio vasculaire ? La question est légitime puisque les appareils cardiovasculaire et locomoteur sont au centre de toute activité physique. Cœur et articulations du sportif : même combat ?

Notion d’âge (cœur et sport)

Par rapport à l’appareil locomoteur, la transition entre le jeune et le vieux sportif est, pour l’appareil cardio vasculaire, plus précoce. En effet, on estime cette transition à 35 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes. Au-delà de cette limite, l’athérome (plaque qui bouche l’artère) est le danger à dépister.
Souvent, le sportif pense que sa pratique physique le « vaccine » contre toute maladie. Il est vrai que la communication faite, depuis de nombreuses années par les médecins du sport, sur la lutte contre la sédentarité et le sport santé, va dans le sens de cette protection « salvatrice ».
Mais le sport reste une activité à risque notamment chez ce sportif de plus de 35 ans qui peut développer une pathologie coronarienne (plaque d’athérome sur les artères du cœur). L’accident cardio vasculaire, telle la mort subite sur le terrain de sport, révèle un « cardiaque » qui s’ignore, dans de nombreux cas. La prévention est indispensable d’autant que le coureur à pied, parfois, minimise les petits signes d’alerte livrés par le corps : douleur dans la poitrine, dyspnée (essoufflement), palpitations, …
Passé 35 ans, il faut donc dépister une maladie coronarienne chez le sportif asymptomatique (c’est-à-dire qui ne se plaint de rien). Ceci est encore plus vrai pour le sportif symptomatique (toutes manifestations anormales d’effort), pour le sportif ayant des facteurs de risque (tabac, bilan lipidique anormal, hypertension artérielle, antécédents familiaux coronariens …) et pour le sportif qui veut poursuivre des entraînements poussés et participer à des compétitions exigeantes.

Malgré les apports récents de nouveaux examens complémentaires (scintigraphie cardiaque, Pet Scan, …),l’épreuve d’effort cardiologique, faite par un cardiologue dans un milieu médical sécurisé, reste l’examen incontournable pour détecter une maladie des coronaires. Malheureusement, dépister n’est pas toujours éviter. Il existe des limites à tout examen médical. Comme l’explique l’article sur les crampes musculaires (lire « comprendre les crampes musculaires d’effort »), la machine humaine, à l’effort, est physiologiquement complexe mais le sportif, dans les efforts extrêmes, peut devenir « scientifiquement inexplicable».
En conclusion, la mort subite du sportif est une réalité, la prévention s’impose. L’épreuve d’effort cardiologique doit être la règle chez le coureur à pied de plus de 35 ans. En pratique courante, en France, on attend souvent 40 ans pour faire cette première épreuve d’effort. Cet examen doit être refait tous les 3 ans chez un coureur qui reste asymptomatique mais systématiquement au moindre signe anormal, lors de la pratique sportive (baisse inexpliquée des performances, fatigue importante, douleurs thoraciques, palpitations, malaise, …).

La notion de seuil d’activité

La pratique sportive régulière a montré tous ses bénéfices, en premier, sur les maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, cholestérol, athéromatose, …). Inutile de revenir sur ces bienfaits connus de tous.
Donc faire du sport, c’est préserver son cœur mais est-ce vrai pour toutes intensités et/ou quantités ?
Outre le fait qu’un effort brutal et intensif peut déclencher une mort subite (voir plus haut), l’accumulation de sport, à un niveau élevé, peut-elle abîmer le cœur, accélérer le vieillissement cardiaque ? En d’autres termes, les effets bénéfiques d’une activité sportive régulière et modérée, sur l’appareil cardio-vasculaire, seraient-ils annulés par une pratique intensive et longue ?

Cette notion, avancée par certains médecins depuis de nombreuses années, manquait de preuve car les populations étudiées étaient restreintes. Or, depuis quelques années, de nombreux sportifs amateurs s’adonnent à un entraînement digne du haut niveau des deux à trois décennies passées. Les populations de sportifs s’entraînant beaucoup et intensivement deviennent importantes. Ces cohortes permettent aux médecins d’observer des éléments troublants :
• Des altérations du myocarde (muscle du cœur) existent, parfois, chez ces sportifs. Ces lésions peuvent entraîner des troubles du rythme cardiaque. Ainsi, les anciens marathoniens ont plus de risque de faire, avec l’âge, une arythmie cardiaque que le sportif « du dimanche ».
• Même sur la maladie athéromateuse, la pratique intensive du sport peut être un accélérateur. Le coureur à pied qui poursuit une activité intensive pendant de nombreuses années a plus de risques de boucher ses artères coronaires que le sédentaire ; un comble !

Quelle est cette limite entre la bonne quantité et la quantité à risque ?

Il semble qu’il ne faille pas dépasser 45 minutes de sport par jour. Au-delà, on peut entrer dans la zone à risque, possiblement délétère à long terme sur le cœur, sans certitude bien sûr.
Il reste difficile de conseiller précisément le coureur à pied sur la gestion quantitative et surtout qualitative de son entraînement hebdomadaire, mensuel, annuel … dans ce cadre de protection cardiaque. On pense que le cœur, comme tous muscles (voir l’article sur les muscles et les DOMS), subit des microlésions, à l’effort, qui nécessitent du repos et du temps pour les réparer. Dans le cas contraire, l’accumulation de ces microlésions d’effort entraîne de réelles lésions myocardiques, source de problème cardiaque.
On voit bien, là, une similitude avec l’appareil locomoteur : le corps (cœur, articulations) se rappelle de tout, il « mémorise », sans rien dire, pendant plusieurs années, l’ensemble de ces contraintes (micro lésions cardiaques, micro traumatismes articulaires) jusqu’à un certain seuil (barrière entre ce qui est bon et mauvais pour la santé).
Le coureur à pied, en bonne santé, qui s’entraîne beaucoup et intensément doit s’interroger sur l’accélération possible :
• du vieillissement cardiaque
• du vieillissement articulaire

Conclusion

La barrière d’âge se situe aux alentours de 40 ans (35 ans pour l’athérome des coronaires et 45 ans pour les lésions arthrosiques des articulations). A partir de cet âge, un bilan médical sérieux (cardiaque et articulaire) s’impose pour le coureur à pied qui désire poursuivre une pratique intensive.

La barrière quantitative est de 30 km de course à pied par semaine entre 30 et 50 ans (« usure » des articulations) et de 45 minutes maximum de course intensive par jour (« usure » du cœur). Ces deux limites sont des connaissances récentes en médecine du sport et seront probablement affinées (ou contredites !) dans les mois et années à venir.

Il s’agit, donc, de recommandations médicales, générales, pour la gestion à long terme de « sa carrière sportive ». Chaque coureur doit être informé et adapter, s’il le juge utile, sa pratique en fonction de son contexte personnel et de ses objectifs sportifs.

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